jeudi 29 mars 2007

Yemen - La nuit













mercredi 28 mars 2007

Jordanie - La pire des soirées de voyage

Potins d'un samedi soir comme il en arrive parfois…. Cela se passait un 17 février

En fait, je dois avouer que je n’avais pas d’envie particulièrement d’écrire ce soir…. La soirée s’annonçait plutôt calme et indigne d’intérêt … un petit samedi soir à faire un saut de puce de la Jordanie au Liban…. Histoire de voir si je pouvais meubler ma seule journée de congé demain par un quelconque rendez-vous d’affaire… rien de bien palpitant quoi ! ….. C’est de guerre lasse que je prends le clavier pour partager avec vous un peu de cette soirée qui finalement, est riche en rebondissement….

Le ton est donné à cette soirée noire à mon arrivée à l’aéroport… Dès mon arrivée dans ma petite choupette de location, je m’aperçois qu’il y a deux terminaux annoncés… Et comme une grande pancarte en grand caractère Arabe est la seule indication visible, je n’entrevois qu’au dernier moment une petite pancarte en petit caractère Anglais qui indique les destinations desservies par chaque terminal, je dois effectuer une marche arrière dans un sens unique pour accéder au terminal 1 ce qui ne pose pas de problème majeur. Après tout, ils ont bien mis une fenêtre arrière pour quelque chose dans les automobiles. De plus, c’est excellent pour relâcher les tensions de la nuque. Le terminal 1 ne se distingue guère ce soir du désert qui l’entoure. Pas un chat, ni même de chien…. Encore moins d’humain à l’intérieur. A croire que la Jordanie n’a pas besoin d’être en contact avec le monde extérieur en cette belle soirée… Enfin… en cherchant bien, j’arrive tout de même à dénicher deux compagnons dans ce vaste hall vide où mes pas font écho. Le premier humanoïde dort derrière le comptoir de l’immigration, fidèle au poste; un léger ronflement l’a trahi… et une deuxième voix qui commence à psalmodier derrière une grande colonne me permet de dénicher un deuxième compagnon. En l’occurrence, un vieillard à Keffieh et tuque qui prend du retard dans sa dernière prière quotidienne, l’heure en étant déjà passé depuis un petit moment. Je laisse l’aïeul gagner quelques points de bonne conduite spirituelle et éveille l’officier de la sécurité pour passer la première étape officielle de mon extradition volontaire. Il regarde le billet d’un air qui me rappelle étrangement celui que pourrait avoir quelqu’un tiré de son sommeil avant de me déclarer qu’il n’y a pas de vol pour Beyrouth ce soir. Manifestement une réflexion automatique causée par son réveil hâtif. Ayant tout de même quelques ressources, je lui pointe du doigt le grand panneau qui est accroché à 10 mètres derrière nous et où Beyrouth apparaît comme le deuxième et dernier vol planifié de la soirée. On comprend qu’il soit bien normal qu’il ait confondu avec tout ce brouhaha qui nous entoure (je veux dire le vieillard qui vient de rentrer en transe apparemment. Et je peut vous dire qu’il a vraisemblablement pas de problème pulmonaire pépé. Et de plus, c’est définitivement très écho un terminal vide…).

Devant les grandes lettres blanches accrochées derrière lui, il doit se rendre à l’évidence, il y a bel et bien un vol. Il regarde du coté d’un comptoir d’enregistrement, désert, avant de m’informer de sa dernière découverte… ‘Les comptoirs sont fermés… ca va ouvrir dans … dans… dans… 5 minutes’ qu’il me dit d’une voix qu’il ne se donne même pas la peine d’être convaincante. Là dessus, il se replonge dans ses pensées pendant que je m’assois pour bien m’imprégner de la quiétude de l’endroit. La transe de pépé est maintenant finie et c’est probablement parce qu’il se frappe maintenant la tête contre le plancher. Ç’a fait toujours un petit écho mais assourdi par le petit tapis bariolé qu’il a disposé au sol. Comme l’animation de l’endroit semble tout de même un peu faible à une heure à peine du vol, j’en conclue que l’information à l’effet que ca doit ouvrir dans 5 minutes est probablement peu fiable et je décide d’aller faire un tour du coté du terminal 2 pour me dégourdir les jambes.

La promenade est instructive car elle me permet de découvrir l’autre terminal ou il règne un minimum d’animation. En fait, je pense que c’est la que j’ai pris un petit crayon et un bout de papier pour noter la suite… car il devient clair à ce moment que la soirée sera sous le signe de l’éprouvantable (ca n’existe pas ce mot, mais ca décrit parfaitement mon état d’âme). Bizarrement, l’étape suivante se passe relativement bien, c’est à dire la sécurité où tout le monde jette pêle-mêle ses bagages sur le convoyeur de la machine à rayon x comme pour en finir au plus vite. Ça se traduit par une jolie pyramide de paquets qui s’écroulent régulièrement vers la sortie de la machine. En fait pour un temps seulement car l’opérateur du tapis roulant décide sur un coup de tête de renverser la direction du convoyeur pour regarder de plus près un paquet ayant défilé trop rapidement sur son petit écran. La manœuvre n’était pas prévue par la foule enthousiasme et on note un certain flottement au tapis d’entrée que les gens avaient déjà recouvert de paquets ficelés, sacs de toile et autres objets de formes diverses qui nous font bien réaliser la futilité de notre société de consommation qui tente de poser en dogme le fait que l’on doive toujours avoir une valise pour voyager. En fait, c’est parfaitement inutile… n’importe quel sac de toile avec quelques tours judicieux d’une bonne corde de chanvre fait très bien l’affaire. Et c’est tellement plus économique. Le paquet qui a éveillé la suspicion de l’officier était le mien vous vous en doutez bien…. ; ‘Vous avez un ordinateur la dedans’ ? Eh bien oui ! Je sais bien que je ne l’ai pas mis dans le sac noir usuel pour cet équipement, mais compte tenu des paquets des autres passagers, je ne pensais pas qu’on m’en tiendrait rigueur. Enfin, cela a du le décontenancer un peu. Je poursuis pendant que les gens reprennent l’empilage de leurs possessions sur la machine à voir au travers.

Deuxième étape; l’enregistrement. Très long, Mortel. Les deux japonais qui me précèdent sont manifestement aussi perdus que la préposée qui les sert. Tout ce joli monde semble ne pas se comprendre du tout et la jeune fille n’arrive pas à expliquer la nature du problème qu’elle perçoit aux deux clients. On imagine bien qu’on est loin d’en arriver à l’explication de la solution. Solution qu’ils ne comprendront pas plus de toute façon. Un ange paraplégique passe… Puis vient le tour de la jeune fille et du charmant jeune homme devant moi qui ont abusé des sacs de toile et de la corde de chanvre et qui apprennent avec douleur ce que les mots ‘excédent de bagage’ représentent dans un budget de déplacement serré. Avec en plus un passeport de l’Iraq et une correspondance suspecte Beyrouth –Istanbul - Karachi qui leur valent un interrogatoire serré de la part d’un haut responsable qu’il faut aller quérir à l’autre bout de l’aéroport. Je note… Je note… j’ai tout mon temps pour noter… On finit par les mettre sur une voix d’évitement, c’est à dire une file encore plus lente que celle ou je me trouve… est-ce possible? Enfin! Mon tour… Je dois dire que je représente un cas facile comparé à cet embroglio ethnique et politique.

Je puis donc me diriger vers la prochaine attraction officielle organisée par l’administration. Les taxes d’aéroport qui sont outrageuses ici. Déjà 22 $ de dépensés … Et je ne m’amuse même pas… Par contre je note, Je note…

L’étape suivante est le contrôle des passeports. En fait le pré contrôle des passeports. C’est un de ces pays ou le passeport doit être présenté à deux ou trois personnes avant l’immigration et deux ou trois après l’immigration. On ne sait jamais trop pourquoi. Ce soir, il semble que je ne passe pas même pas le pré contrôle avec mes papiers. L’officier regarde les pages de mon passeport l’une après l’autre en y cherchant je ne sais quoi. Enfin, il trouve ‘le problème’. Il se met à parler avec l’autre officier en lui brandissant mon passeport sous le nez. Enfin… dire qu’il lui parlait est un peu faible. La vérité est que ca ressemblait plutôt à une engueulade. À ma question ‘what’s de problem ?’ il me répond avec un grand sourire, ‘No problem sir!’ avant que son sourire ne s’efface et qu’il recommence à brandir mon passeport sous le nez de son comparse. À la fin de l’échange, mon passeport termine sa course derrière le comptoir sur une pile qui semble à première vue celle des ‘cas problème’. Une deuxième tentative d’en savoir plus long se solde par le même sourire et le ‘No problem sir!’ auquel il ajoute un inquiétant ‘Sit down!’. Je veux bien moi, j’ai justement des choses additionnelles à noter et c’est une activité bien adaptée pour cette petite soirée. On est loin d’un Saturday nigh fever à la Travolta. Par contre, on s’amuse gratuitement à ce comptoir-ci. Ça ne fait de mal à personne de noter mes petites impressions et, à moi, en ce moment, ça me fait beaucoup de bien. En fait, il ne me faut que quelques minutes pour réaliser que j’ai péché par optimiste en pensant que je m’amusais gratuitement. En effet, un superviseur (i.e. un officier avec plus de galons pour l’épauler) arrive. Il a aussi l’avantage de savoir quelques phrases de plus que le ‘No problem sir!’ insipide. Ce nouvel arrivant permet d’apprendre ce que j’aurais du comprendre plus tôt; ‘You have a problem Sir!’. Et le problème en l’occurrence c’est une petite phrase étampée dans mon passeport à mon arrivé au pays et qui stipule qu’il faut se présenter à un poste de police dans les 15 jours de l’arrivée. Comme on lit rarement son passeport après les formalités excepté lors de grave crise d’insomnie, ce détail m’a échappé, mais pas à eux. J’apprends que ce n’est pas un crime, ni même un péché capital. Tout cela peut se régler en déboursant un peu de capital. Ainsi, un autre 15 $ passe ainsi dans les goussets ministériels. J’en suis à 37 $ si mes comptes son bons et je ne m’amuse toujours pas…. Notez que je note… je note…

Mon nom? Il l’obtient avec un accent Français à couper au couteau. Je suis passé instinctivement en mode de résistance passive. Bon d’accord !, je parle Français mais ca ne fait pas de moi un collaborateur pour autant ! Pardon ? Si j’ai de la monnaie pour payer? …. NON pas question… Enfin, je veux dire, NON je n’en ai pas… Toujours la résistance passive. Je regarde avec un plaisir sadique (sauf naturellement lorsqu’il me jette des regards navrés que je lui rends avec compassion). Je l’observe avec intérêt déplacer les entassements impressionnants de papier dans son tiroir. Mais à la fin, il devient évident qu’il n’y arrivera pas. Quand il me propose d’aller faire de la monnaie quelque part que j’imagine fort loin, je redeviens soudainement raisonnable. Au point de me frapper le front et me ‘rappelant’ brusquement que j’ai peut être … peut être bien la somme en question….

On discute un peu en faisant la monnaie; ‘Where do you come from?’ Quand même étonnant pour quelqu’un qui triture mon passeport depuis quinze minutes. Mais je suis bon prince et entame la conversation en toute inamitié... ‘Canada!’ je lance. ‘Oh !!! Canada…. Welcome’. Je vous en ferais moi des Welcome !!! J’aime bien ces conversations à nature désintéressée avec les fonctionnaires. On paie un visa pour entrer, une extension de visa pour rester et une taxe d’aéroport pour sortir. Et à bien y penser, ce n’est vraiment pas le moment de me souhaiter la bienvenue… là, comme ils doivent le constater, je suis plutôt en train d’essayer de partir de ce pays. J’ai bien envie d’écrire une petite note au ministère du tourisme qui cherche désespérément comment augmenter le nombre de visiteurs au pays. J’ai lu cela dans un journal ce matin. Mais…. Pas de boite à suggestion en vue. Bof… un de ces jours, j’écrirais un télégramme pour recommander d’installer des boites à suggestion. En attendant, je note … pour ma gouverne.

Bon, je reprends mon sac à l’épaule et je continue l’exploration des perversités administratives à ériger des barrières entre les pays. Il ne faut pas perdre de vue que je ne suis pas encore rendu au contrôle véritable des passeports, c’était juste une entrée en matière.

L’attente est encore une fois interminable. Un bon 5 minutes de traitement de dossier pour chaque passager. Impensable. Un autre bon 20 minutes s’écoulent avant que je sois chef de file. Je vais enfin savoir pourquoi c’est si long pour vérifier un passeport. Ça m’intrigue tout de même. Ils recopient probablement toutes les informations du passeport à la main, probablement qu’ils reproduisent aussi tous les cachets, avec des crayons de couleur? La prochaine fois j’emmène un photocopieur…. J’arrive au comptoir avec le tout et je le dépose et vlan… Et le voilà tout équipé pour plus d’efficacité.

Je sens que la prochaine étape sera grandiose, je ne veux donc rien manquer de tout cela et c’est les yeux aux aguets que j’approche du grand comptoir noir ou se trouve le fonctionnaire suivant. En fait, en m’approchant lentement d’un pas glissant, je vois un crâne chauve éclairé par les projecteurs qui se découpe au-dessus du comptoir. L’image est connue, ca me replonge dans les souvenirs de jeunesses; un grand monolithe noir sur la lune et le soleil qui se lève à l’horizon… je ne puis m’empêcher d’évoquer la musique de 2001 odyssée de l’espace en quadriphonie symphonique complète avec les éclatements de trompettes en entrée et le roulement de tambour c’est grandiose en effet comme approche. J’espère que la suite ne sera pas cependant comme dans le film, si je me rappelle bien, une bande de singes en train de taper à coup d’ossements sur quelque chose ou quelqu’un, je ne me souviens plus. Enfin, me voici arrivé… ça va me revenir.

Vous êtes vous rendu compte qu’il existe de ces gens qui ont une bouille caricaturale? …. Et qui sont destinés à apparaître devant vous au moment même ou vous sentez monter cette pulsion de révolte intérieure? Ce sont, j’en suis certain, des anges malgré leurs aspects repoussants, envoyés sur terre pour tester notre résistance à nous pauvres humains, à ne pas sombrer dans la médisance et les propos tendancieux à chaque fois qu’une petite contrariété nous assaille. À vrai dire, je dois vous avouer qu’en ce moment, j’échoue lamentablement le test… mais j’ai des circonstances atténuantes… attendez un peu que je vous explique.

BOUFFI…, il est indubitablement BOUFFI… La forme du visage tout d’abord, … que l’on appréhende globalement en s’approchant du comptoir… il est BOUFFI… mais non pas seulement la forme générale de son faciès … les détails aussi, les paupières sont BOUFFIES… Et la gauche et la droite n’ont même pas la décence d’afficher un minimum de symétrie… le tout est BOUFFI asymétrique… Et cette navrante entrée en matière est soulignée d’un trait gras formé par ses lèvres BOUFFIES également … et pourquoi doit-il les avoir vaguement luisante ? Et pourquoi elles sont entrouvertes aussi ?? … la plupart des gens ont la bouche fermée en travaillant…. Lui, il faut qu’il travaille la bouche entrouverte laissant entrevoir un magma BOUFFI… qui lui sert de langue……. Il prend ma carte d’embarquement de ses doigts BOUFFIS et ses yeux porcins.. luisants semblent fixer un point au delà du papier lui même… comme s’il ne lisait pas ou en était incapable. Il semble regarder de façon générale la carte, comme s’il tentait d’absorber globalement sa couleur forme et texture……. et décider si le tout lui plaît. Comme une œuvre d’art ou on ne s’attarde pas aux détails mais à l’émotion globale ressentie. Un pli dans son front creuse un sillon dans une sa peau autrement BOUFFIE. Son oeuil vague et fixe ainsi que cette strie indiquant une concentration extrême laisse présager la montée d’une réflexion digne d’intérêt. Ici encore, un ange passe (je vous le dit, c’en est un…. Un beau… on est pas déchu à le regarder ainsi laisser éclore un raisonnement analytique …. ). Enfin, une idée générale semble prendre forme… on le devine à une paupière qui tressaille légèrement. Ses lèvres n’ont même pas à bouger puisqu’il a déjà la bouche ouverte avant même que sorte le premier son. Et sa remarque est à la hauteur de son expression « vous aller à Beyrouth ? ». Aaaah !!! eh bien là, chapeau! À celle-là, il fallait y songer! Enfin vous vous rendez compte ? Il n’y a que deux noms de ville sur la carte d’embarquement….. la ville de départ et celle d’arrivée…. et celle de départ, c’est celle de gauche… et même s’il n’était pas certain que c’était celle de gauche qui était le départ, il aurait tout de même pu percevoir un autre menu indice pour le déduire. C’est que cette fameuse ville à gauche, on y est maintenant… lui et moi! Comment il pourrait imaginer que je vais à la ville de départ puisqu’on y est présentement à discourir aimablement ?? (enfin, pour le moment il monologue…. moi j’ai la bouche ouverte en attendant qu’une idée me vienne pour savoir quoi répondre… ). Non décidément, je ne vois pas la motivation qui le pousse à me poser cette question. Enfin, je veux bien lui laisser le bénéfice du doute. Il a probablement confondu le ‘17 :30’ au bas de la carte avec le nom de la capitale du Tuvalu (eh oui !! , ca existe ce pays .... quelque part dans le pacifique sud…… le roi de ce charmant coin de la planète a même vendu son droit d’utiliser les lettres formant l’extension Internet de son pays aux grandes chaînes américaines désireuses d’utiliser l’extension ‘.TV’ pour leur site web)….. et je suis prêt à parier qu’il ne connaît pas le nom de la capitale de ce pays. Mais même cette possibilité là est peu probable. Il doit bien avoir figuré que le ’17 :30’ est l’heure de départ de mon vol. Et s’il vérifie l’heure actuelle à l’aide du machin accroché à son poignet, en assumant que c’est un machin digital pour l’empêcher d’avoir à faire des conversions hasardeuses…., il devrait s’apercevoir que là, on approche dangereusement de l’heure indiquée pour le départ pendant que l’on meuble le temps en silence. Enfin, pour le moment c’est moi qui contrôle la conversation et, justement, une idée se forme dans mon esprit. J’ai probablement un pli sur le front et j’aime autant ne pas le savoir vraiment à tout vous dire…….. et enfin ça se précise : ‘oui!’ déclarais-je sans avoir à bouger les lèvres (.. étant toujours bouche ouverte moi aussi….). La conversation s’anime. Vous remarquez parfois comme l’apparence externe n’est pas toujours en accord avec notre senti intérieur? Là, comme je vous le raconte, je suis tout flegme, impassible, l’archétype du bon citoyen. Bon, oui, j’ai les doigts un tantinet crispés sur le rebord du comptoir et les jointures blanchies… mais dans l’ensemble ça peut passer inaperçu…

Un moment de recueil intérieur… je lève le nez pour voir deux petits oiseaux qui font des cabrioles dans le grand hall d’entrée. C’est joli comme tableau, le douanier le nez dans le passeport et le voyageur qui regarde deux oiseaux faire des pitreries.

Et la conversation reprend. Je n’étais pas si mal avisé tout à l’heure de penser qu’il recopiait la totalité des informations à la main. Mais en fait, c’est encore pire que cela. Il utilise un ordinateur mais à une vitesse telle qu’il n’y a aucun avantage d’efficacité à utiliser un tel appareil. Nom de famille, prénom. Il me faut répondre à des questions qui sont pourtant toutes écrites en caractère d’imprimerie dans le passeport. Il doit apprécier le ton de ma voix qui accompagne si bien son doigt langoureux qui se déplace pesamment d’une touche à l’autre. Par contre, il a beaucoup de difficulté à saisir mon nom et à l’inscrire correctement alors qu’il en a une version imprimée sous les yeux. J’en conclu qu’il ne sait pas lire même s’il sait écrire. Un phénomène quoi!

Un dernier échange quand le dernier tampon est recopié. Quoi ? Les Israélien ont bombardé la banlieue de Beyrouth ? Ca serait peut être mieux d’y aller une autre fois ?? Ce n’est pas bien le moment pour faire de l’humour noir. C’est beaucoup moins dangereux par la bas que pour ma santé mentale ici. Refaire une autre fois tout ce bordel ? Ca va pas non ? Oui je suis sur que je veux y aller !!! J’en rêve en fait.

Et je repars clopinant vers le prochain contrôle. Mon papier de visa pour la sortie? Mais je l’ai plus !!! L’autre qui m’a fait payer l’a gardé ce truc! Comment cela il fallait le garder ?? Mais on ne me demande pas mon avis moi dans ce genre de chose! Si j’ai une facture ? Ah oui, bien sur !! Ça pour la paperasse, j’ai dû en laisser une trentaine de pages dans mon sillage depuis que j’ai mis les pieds ici. Le bout de facture me sauve. Exit l’obstacle suivant. Je m’assied pour reprendre une couleur normale et noter…. Enfin j’essaye… ça se termine par un joli trou dans la page et un stylo à la pointe écrasée.

Enfin la lumière au bout du tunnel; la zone internationale pour les départs. Je reprends confiance un petit moment et regarde le tableau d’affichage pour voir à quelle porte l’embarquement est prévu. Manque de pot, des deux vols qui sont prévus pour la soirée, seul l’autre vol en partance pour Khartoum est encore indiqué. Plus de trace de Beyrouth. Et pourtant, il reste encore 15 minutes avant le départ. J’espère que je ne revivrai pas cette soirée mémorable en Chine ou on m’annonça gentiment que l’avion était parti plus tôt que prévu (sidérant mais authentique…j’avais vu de grande quantité de vol en retard mais des vols en avance; Jamais!!. Mais en fait, j’ai appris plus tard qu’on m’avait répondu n’importe quoi car en fait, le vol ne devais jamais partir, c’était un vol qui n’existait plus depuis 6 mois entre deux obscures villes chinoises mais que personne n’avait pris la peine d’enlever des ordinateurs internationaux. De temps à autre, un étranger se retrouve ainsi bouclé sur ce vol inexistant avec un joli billet confirmé avec les lettres OK qui donne uniquement droit à une soirée supplémentaire imprévue dans la sympathique ville de Lyonglang).

Mais ce soir, il faut bien trouver le bon endroit, je prends en note la porte qui est indiquée pour Khartoum et me dit que la mienne est une des onze restantes. Je ne prends même pas la peine de m’informer car je suis sur ce soir que tous me dirigerons vers la seule mauvaise réponse possible c'est-à-dire; porte 7 = Khartoum. Il ne me reste plus qu’à faire les portes d’embarquement une à une, il n’en reste que onze de toutes façons. Ce sera la onzième inévitablement. Je le sais, je le sens. Et il est même inutile de tenter de jouer au fin finaud en commençant par celle que je devrais faire en dernier. La fatalité fera que quoi que je fasse, ce sera la dernière.

Ah, voici enfin la onzième porte que je visite. L’infâme neuvième porte (porte de l’enfer) pour ceux qui ont vu le film. Ça aurait été beaucoup plus éprouvant tourné ici. Ce qui est plus inquiétant c’est que je suis le seul passager ici à 10 minutes du départ. Ça sent la catastrophe. Je m’approche d’un garde de sécurité et m’informe… Ah, le vol de Beyrouth !!! Ne vous en faites pas monsieur, l’appareil vient de quitter Riyaad et sera ici dans deux heures, ca ne sera pas long.

Je m’affale sur un fauteuil et fouille les doigts tremblants dans le petit compartiment secret de ma valise. J’en sors une photo toute racornie, jaunie, qui a vécu tant de mauvaises soirées. Je la garde comme un genre d’amulette dans les durs moments de la vie. Un remontant pour les situations difficiles et désespérées. Et je regarde sur la photo l’air bienheureux de Louis Philippe, dormant dans une fontaine asséchée de l’aéroport de Dakar. Complètement épuisé par deux jours de tribulation et d’attente dans les aéroports Sub-Saharien pendant une grève sauvage de air Afrique ou rien ne nous aura été épargné. Je ne peut m’empêcher de me mettre à rire (un tantinet hystériquement il faut dire) en me remémorant ce mémorable week-end. Ce remémorer le pire aide à passer au travers des soirées éprouvantes. Je me calme et m’enfouit la tête entre les mains, non sans avoir perçu du coin de l’oeil les gardiens qui, tout sourire, s’échangent des tapes dans le dos en me regardant. Pour eux c’est une petite victoire de leur administration superbement rodée. Ils en ont fait craquer un de plus…

Vivement Beyrouth et les bombes…

mardi 20 mars 2007

Le pays le plus marquant

Le pays qui m’a le plus marqué

On me demande souvent la question « Quel est le pays dans ceux que tu as visité qui t’a le plus marqué? ».

Bonne question mais je m’aperçoit en y réfléchissant bien que c’est souvent aux endroits les moins connus que j’ai eu les expériences les plus marquantes. C’est joli les grandes pyramides et imposants, mais ce sont des images tellement vues et revues depuis notre jeunesse que la magie est difficile à instaurer en les visitant.

Pour moi, l’endroit qui gardera toujours un petit coté magique est la ville de Sanaa, au Yémen. Voici donc la ville de Sanaa, le légendaire écrin qui a servi de toile de fond aux récits des milles et unes nuits. Imaginez, c’est ici que la coquine Shéhérazade a inventé au fil des jours, les contes qui ont rempli 2 ans, 8 mois et 28 jours de son existence. Au fait, c’était probablement 1000 nuits que la povrette était censée imaginer pour le Calife mais elle s’est probablement tapée une année bissextile ce qui a augmenté derechef le quota exigé. Toujours est-il que du haut des airs, la ville a un je ne sais quoi d’accroche cœur. On distingue des grands bâtiments de briques rouges dont les fenêtres et façades sont soulignées de contour pâle. Le tout est enchâssé dans un écrin de verdure ou l’on distingue parfois des sections de maçonnerie séparant les propriétés.

C’est en parcourant à pied la vielle ville que tout le charme se révèle. Les vielles bâtisses de briques rouges sont faites en hauteur, semble t’il un des premières civilisation qui bâtissait en hauteur. Il semble que ce soit pour profiter des faibles brises qui balaient le pays et rendre les habitations un peu plus confortables.





Toutefois, ce qui donne un charme fou aux bâtiments, ce sont les fenêtres qui sont toutes faites en vitraux ensachés dans des motifs en plâtre par des artisans.





La ville devient vraiment splendide à la nuit tombée. Les rues ne sont pas éclairées et se fondent dans la pénombre. Les seuls éclairages sont fournis par des centaines de vitraux multicolores et les portes ouvertes sur les échoppes encore ouvertes. Dans ces ruelles sombres glissent les formes des femmes voilées rentrant chez elles et les groupes d’enfants qui surgissent en un instant en riant pour aussitôt être avalée par le noir.







Aucun touriste en ces lieux à cette époque ou le pays n’était pas encore tout a fait sur (il ne l’est toujours pas d’ailleurs mais ça s’améliore). Et la rencontre, surprenante, d’un vieil homme a la tunique blanche et barbe de patriarche qui m’aborde et commence à me parler de sa ville avec amour. Son anglais parfait, presque aristocratique détonne dans le paysage.

Je me souviendrai toujours de cette nuit passée dans les ruelles sombres de Sanaa ce jour de printemps, l’atmosphère de cette ville restera toujours comme un moment magique, ou l’on a l’impression d’être les témoins privilégiés d’une tranche de vie d’un autre monde.

Quelques rencontres: Des vendeurs de fruits et légumes... comme quoi il faut pas toujours se fier aux apparences....

samedi 10 mars 2007

Balade à Massada et la Mer Morte

Petite sortie aujourd'hui aussi. Une visite à la forteresse de Hérode le Grand à Massada. Un endroit ou Hérode aimait à prendre ses quartiers d'hiver et ou il espérait trouver la sécurité. Le tout se passsait dans les années 34 à 4 avant J.C. (ce qui ne nous rajeunit pas...)

Départ tôt le matin de Jérusalem.

S'en suit une longue descente vers la mer morte en passant près de Jéricho et nous nous retrouvons bientôt auprès de la mer morte, le point le plus bas sur terre à -400 mètres. On passe devant la falaise ou les manuscrits de la mer morte ont été découverts. Le tout est en principe très proche des cités de Sodome et Ghomorre mais leur emplacement exact n'a jamais pu être découvert.

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Arrivée au rocher de Massada, un massif de pierre à chaux durci par la pluie qui s'élève à 400 mètres. Il est entouré de vallées de tout les cotés du massif(Wadi en arabe).

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Le téléphérique nous emmènes sur la forteresse et on a une vue plongeante sur les environs. Les défenseurs avait beau jeux. Cela a duré un temps mais en 76, la forteresse est tombée au main des romains après trois ans de siège et de constrution pour bâtir un chemin d'accès aux remparts. Les zélotes qui étaient au nombre de 1000 dans la forteresse, voyant les défenses tomber et plutôt que de laisser les enfants, femmes et hommes partir en esclavage ont désigné 10 des habitants qui ont eu pour tâche de tuer tout les habitants. Les images de cette nuit sanglante ou les hommes armés de couteaux passait de maison en maison pour égorger les familles consentantes a quelque chose d'irréels. Massada est devenu un symbole de résistance pour Israel. Les jeunes recrues de l'armée (obligatoire ici pour tous, 3 ans) viennent recevoir leur arme ici et la devise de leur armée "Israel ne tomberas plus jamais".

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Retour par la mer morte pour un bain. L'eau qui a 27% de salinité permet de flotter comme un bouchon. Pas de requins, pas de poisson, pas d'algue.. Mort.... rien ne vie dans ce taux de sel. Il y a plein d'extraterrestre noir à la baignade... La boue est ici thérapeutique à ce qu'on dit.

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Fin de journée et on quitte les rivages blanchâtre (sel) de la mer morte.

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On passe en Cisjordanie et on apperçoit une section du fameux mur en construction pour départager Israel des territoires palestiniens. Image moins positive pour l'avenir.

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Retour à Jérusalem et fin du week end... le dimanche est travaillé par ici.

vendredi 9 mars 2007

Balade à Jaffa

Petite balade à Jaffa aujourd'hui.. une banlieu de Tel Aviv. Un peu de mer Méditéranée en ce début d'été un peu frais. Pas de baignade, le fond de l'air est frais. Un peu de café, un bon restaurant. Quelques images.

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Et voila.. pas de potins aujourd'hui.... sauf que les images sont bien loins des images que la télévision nous montre. Retour un peu plus difficile à organiser sur Jérusalem. Au coucher du soleil, le Shabat commence ici. Les services de transport public s'arrêtent et la gare d'autobus est fermé. Interdir pour un juif pratiquant de faire fonctionner une machine durant cette période. Il reste heureusement des petites camionnettes pilotées par des non pratiquants qui font la navette vers Jérusalem. Retour à l'hôtel, ne pas oublier de prendre les ascenseurs de droite durant le Shabat. Comme il est interdit aussi de faire fonctionner un ascenseur, la moitié des ascenseurs sont programmés pour s'arrêter à chaque étage. Pénible.

jeudi 8 mars 2007

Potins de Jérusalem



De retour a Jerusalem pour une semaine et demie...

Pour innaugurer ce nouveau blog.. une petite anecdote qui s'est produite hier matin.



Le tout a commencé tôt hier. J’étais monté au salon d’affaire de mon hôtel à Jérusalem, un endroit habituellement très calme de bon matin avec un ou deux hommes d’affaire qui sirotent leur café et lisent les journaux du matin en avalant des croissants qui ne doivent pas figurer très haut dans la liste des aliments nourrissants.

Hier par contre, le petit salon était en pleine effervescence. Il y avait plusieurs militaires en armes et des garçons (et demoiselles) d’étages qui s’affairaient à monter une table dans un petit salon privé attenant au salon ou je me trouvais. Je vous fais le tableau; certains en uniforme, d’autres en simple pardessus, tous avec des écouteurs aux oreilles et des appareils de communications à la main et coordonnant je ne sais quoi avec je ne sais qui.

Les agents en civil avaient un petit coté de gars des « service secrets » à l’exception d’une seule personne qui elle avait plutôt l’air d’une… ben, d'une fille des « services secrets » … et bien mignonne en plus. Elle s’occupait de contrôler les entrées et les sorties du salon. Son pardessus avait des formes un peu étranges qui laissaient supposer qu’elle était soit difforme du buste ou qu’elle portait un gilet pare balle. Son pardessus n’était sûrement pas la pour lui tenir chaud (il faisait plutôt chaud dans la pièce) ni pour des raisons esthétique (il était affreux). Je me suis donc imaginé que la petite devait porter sous le vêtement un pistolet mitrailleur. Probablement un Uzi (on est en Israel après tout. Il faut encourager l’industrie locale).

Donc mon déjeuner se passe et je n’ai pas eu malheureusement le temps de voir la personnalité mystère du jour. Mais on sentait bien la tension monter dans la pièce car les communications se faisait plus pressantes, les voix impératives, et les majordomes couraient dans tout les sens. Je dus malheureusement quitter à peut près au moment ou l’invité devait être sur le point d’arriver car l’action se déplaça à peut près en même temps que moi à l’extérieur du salon. Les agents des services secrets se sont placés de part et d’autre de la porte menant à l’ascenseur de service (il existe des gens discret de par ce vaste monde). Et ils n’avaient pas l’air particulièrement enchantés de me trouver sur leurs talons. Toutefois, comme le hall pour les ascenseurs utilisés par le monde normal se trouvait un peu plus loin sur l’étage, je tournai dans le corridor adjacent pour me retrouver devant les cages d’ascenseurs. J’appui sur le bouton et commence à attendre la cabine qui se fait attendre un bon moment. L’agitation dans le corridor adjacent continue à monter et on sent que l’arrivée du personnage est imminente. Un bruissement se fait entendre à proximité et je me retourne pour me retrouver face à l’agente qui venait voir ce qui se passait dans mon secteur (lire : voulait s’assurer que j’étais bien parti). Comme elle ne trouve rien de bien particulier dans mon attitude de gars qui attend un ascenseur qui ne vient pas, elle virevolte dans son pardessus (ou vice versa) et s’en retourne dare-dare vers la petite émeute créée par ses collègues.

Fin de l’intermède pour le matin.

Au retour du travail le soir, j’étais tout de même intrigué par ce visiteur discret et sûrement important. J’ai commencé à faire ma petite enquête pour voir de qui il pouvait s’agir. N’allez pas croire que je suis curieux et indiscret surtout… vous me connaissez. Cela n’a rien a voir… je voulais juste savoir!!. C’est tout.

Une idée me passe par la tête. J’avais remarqué à un passage précédent à cet hôtel qu’une petite machine près des équipements de bureau du salon imprimait une liste de tous les clients de l’hôtel qui utilisent leur carte magnétique pour accéder au salon. Je suis donc passé voir près de la machine et effectivement, un petit rapport de gestion avait été imprimé. Je l’ai donc consulté pour tenter de découvrir l’invité mystère. J’apprend donc trois choses intéressantes; 1) Un invité au nom de Keren Uzi dont la réservation a été fait par le bureau du premier ministre était de la rencontre, 2) Un autre au nom de Galenti Itzchak venant de la Knesset (parlement) était également au déjeuner, 3) Ils ne sont pas foutu d’écrire mon nom correctement dans cet hôtel.






La curiosité … euh non.. je voulais dire le désir de juste savoir est devenu un peu plus aigue. Et les ordinateurs du salon étant à proximité, j’ai tapé les noms en question sur un moteur de recherche pour en savoir plus. Le premier nom apparût immédiatement car Mr. Uzi est le conseiller du premier ministre sur les matières des colonies en territoires de Cisjordanie et Gaza. Sujet délicat s’il en est un. Le second participant au déjeuner n’est pas sorti aussi facilement mais en consultant le site de la Knesset (le parlement Israélien), je fini par voir qu’il s’agissait d’un député en fonction. Donc mystère éclairci.




Faute d’autre chose à éclaircir, je me rabat sur un dessert au chocolat pour savourer ma découverte; c’était élémentaire mon cher…..